Psychothérapie brève stratégique de Palo Alto, chronique des dénouements systemiques

Psychothérapie brève stratégique de Palo Alto, chronique des dénouements systemiques

Une psychothérapie à épisodes où l’on comprend que des symptômes peuvent augmenter ou diminuer selon les stratégies de l’entourage. Obsession, angoisse, peur d’abandon, colères, disputes, peuvent être désamorcées pour laisser la place aux vraies questions

PEUR, OBSESSION, IMPULSIVITE ET PSYCHOTHERAPIE SYSTEMIQUE DE PALO ALTO

Une psychothérapie à épisodes, chaque thème abordé trouve sa solution.

Anika est une personne très créative, très expressive, très sensible. Quand elle commence sa psychothérapie, elle est très angoissée : Elle n’a pas confiance en elle et met la barre très haute, perfectionnisme oblige. Elle se compare sans cesse aux autres.

Elle a souffert au cours de son enfance et de son adolescence d’un manque cruel de limites, avec un père faible et une mère trop « émotionnelle », ce qui fait qu’elle a appris à se désangoisser en se défoulant sur son entourage. Son entrée dans la vie adulte a été « houleuse » avec les hommes, puis elle s’est calmée quand elle a rencontré Giacomo. Giacomo est un homme très doux. Anika s’en veut tellement de son passé d’addiction passionnelle, de séduction, de théâtralité, et elle se sent si inférieure devant son amoureux qui a un poste à l’Université, elle qui a enchaîné études sur études sans en terminer aucune.

Elle a très peur d’avoir perdu sa réputation et que cela se sache. Elle commence à s’accuser de façon très compulsive pour qu’il la rassure, lui pardonne, et pour être sûre qu’il va continuer à l’aimer, détaillant tout ce qu’elle a fait et se demandant si elle n’en a pas fait plus, supposant, doutant de sa mémoire, angoissant de plus en plus. Son entourage lui dit « ce n’est pas grave », « Je m’en fiche » dit son amoureux. Ses amis « Arrête » Ses parents lui disent « Il faut bien que jeunesse se passe ».

Etudiante en géographie, elle doit passer son Master ainsi que le CAPES, et elle angoisse de plus en plus. Elle s’accuse de plus en plus et Giacomo se sentant noyé, la stoppe de plus en plus. Elle finit par rester au lit à dormir, son psychiatre lui a donné des médicaments pour qu’elle se calme. Cela la fait dormir. Elle part vivre momentanément chez sa mère, pour casser le cercle vicieux et avoir une chance de parvenir à réviser dans un endroit neutre, mais l’obsession la poursuit, elle mange de moins en moins, elle pleure, elle harcèle Giacomo de messages téléphoniques. Tout ce qu’elle avait échafaudé pour l’an prochain se détruit (projet de famille, maison, enfants) si elle n’a pas son CAPES.

Elle doute, elle n’est pas sûre de vouloir exercer comme professeur, elle a seulement voulu montrer qu’elle était capable. Sa mère lui enlève tous les moyens de communication, elle parvient tout de même à harceler Giacomo. Elle commence à déverser ses angoisses sur sa mère, qui explique et rassure, cela la calme sur le moment, elle retourne réviser puis revient à la charge, ce qui fait qu’au bout de quinze jours, sa mère craque, et elle, Anika, en digne fille de sa mère, de façon théâtrale, fait mine d’aller vers la fenêtre, ou de s’étrangler elle-même avec sa main…

Comment alimenter un processus irrépressible chez l’autre ? En le rassurant, en le contrant, ou en se laissant submerger par le symptôme de l’autre, puis en repoussant l’autre, excédé !

Solutions

Comment désamorce-t-on un processus irrépressible en psychothérapie systémique stratégique ? En l’occurrence, la pensée obsédante ?

La solution à cette situation précise a été de rencontrer Giacomo et de lui proposer cette tâche : tous les jours, il proposerait à Anika qu’elle lui parle pendant un quart d’heure de ses obsessions, et lui écouterait en silence, avec bienveillance.

Déplacer dans le temps et l’espace un symptôme irrépressible le rend contournable. C’est un pilier de la psychothérapie systémique. La personne peut s’exprimer et être entendue, d’abord à la demande et selon disponibilité de l’interlocuteur, puis à heure fixe… et pas en dehors du quart d’heure. Personne ne la contre, ni ne la rassure, ce qui alimenterait son processus obsessionnel…

Petit à petit, Anika s’est calmée et a commencé à avoir de plus en plus de mal à remplir son quart d’heure. Ils ont pu passer du temps à faire des choses agréables et à parler d’autres choses. Giacomo a pu se libérer des émotions que suscitaient chez lui les quart d’heures en les écrivant et en déchirant la feuille sans relire.

Gérer la peur 

Parallèlement, un travail très spécifique a été entrepris sur sa peur. Elle devait tous les jours se donner un rendez-vous à elle même, afin de vider le sac de la peur. On appelle cela la demi-heure du pire, ou la demi-heure catastrophe. Une grosse peur qu’on réprime augmente, et l’obsession devient un moyen de lutter contre la peur. Cette demi-heure, elle l’a commencée en séance de psychothérapie, car cela lui faisait trop peur de faire venir sa peur, elle qui avait pris l’habitude de s’accuser et de harceler l’environnement avec ses doutes permanents. Cette demi-heure se fait de façon très précise, à heure régulière et au même endroit chaque jour. Un état séparateur permet de refermer la porte. C’est ainsi nous qui décidons quand nous avons peur. Cette tâche de la psychothérapie brève systémique est extrêmement efficace pour gérer la peur.

Anika a commencé à s’apaiser, et elle s’est remise à s’intéresser au confort de Giaccomo ! Elle a eu son CAPES et son MASTER 2 haut la main, et elle a commencé à donner des cours ! La psychothérapie à épisodes a bien fonctionné !

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