Petite chronique de la phobie

Petite chronique de la phobie

Sommes-nous des cas psychiatriques si nous avons peur des araignées ?

Avons-nous un avenir noir si nous n’osons pas sortir de chez nous ?

Non, nous dit la systémie de PAlo Alto : “la phobie est d’un côté le meilleur moyen que notre cerveau émotionnel a trouvé pour gérer une situation affective très douloureuse, et d’un autre côté, la façon dont nous luttons habituellement contre elle ne fait que l’augmenter.”

Nos tentatives de solutions qui visent à résoudre la question et à nous amener du bien-être et de la sécurité (en parler, se faire aider, fuir l’objet de sa peur, ou l’affronter en se raidissant), sont les causes même de notre aggravation ! En même temps, nous ne pouvons rester seul avec notre trouble, car nous avons peur, ni cachés car il faut bien assurer notre survie, et sommes dans une détresse sans nom !

Nous faire aider nous soulage, mais nous recevons simultanément un message sur notre incapacité. En parler nous réconforte, mais nous catalogue et l’on sait à quel point les jugements des autres ont un impact sur nous, et conditionnent les réactions de l’entourage à notre égard. Pris entre la peur de l’affrontement (qui décuple la peur) et celle de l’évitement (qui fait la même chose), nous renforçons la spirale diabolique ! L’approche systémique nous propose une sortie du labyrinthe, en nous invitant à affronter notre peur dans un temps et un espace décalé, afin de crever l’abcès !

Parler à l’inconscient avec son propre langage, à travers des prescriptions de tâches qui utilisent la logique paradoxale, nous permet de sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes coincés, où, quoi que nous fassions, la peur augmente !

Là, avec ces prescriptions qui pourront sembler étranges au premier abord, mais qui sont d’une logique implacable, nous solutionnons rapidement la question.

L’autre aspect du travail sur la phobie sera de redonner de la force à la partie de soi qui a mis en place ce stratagème, et de lui faire expérimenter des stratégies plus gratifiantes : le vrai travail de construction commence alors.

La liste des phobies est longue, on peut avoir peur de tout, et selon comment on réagit devant la peur, celle-ci peut envahir toute notre vie.

Cette petite histoire illustre bien ce phénomène : “Une petite fille fait toujours ce cauchemar éprouvant d’un monstre hideux qui la poursuit, et elle court, elle court, sans se retourner. Quand le monstre est sur le point de la rattraper et qu’elle sent déjà son haleine fétide sur sa nuque, elle se réveille en sueur, effrayée… Elle fait ce cauchemar très souvent et n’en parle à personne. Puis un jour, n’y tenant plus, elle en parle à sa meilleure amie, qui lui répond : “Moi un jour, j’ai fait le même cauchemar… Eh bien dans mon rêve, je me suis retournée sur le monstre. Et tu sais ce qui s’est passé ? Le monstre a disparu en fumée !”

Pour dépasser une peur phobique, qui en apparence est irrationnelle, mais très réelle et bien fondée, nous avons besoin d’être accompagné, car plus je lutte contre ma peur, plus elle augmente, plus je fais comme si elle n’existait pas, plus elle augmente, et plus je cherche à éviter l’objet de ma peur, plus elle augmente ! Casse-tête où plus d’un se sont désespérés et se sont aggravés jusqu’à des “limites extrêmes”.

La phobie, un phénomène désespérant mais pas si grave, quand on apprend à l’amadouer en tenant compte de la réalité paradoxale de tout phénomène émotionnel, et qu’on le resitue dans un système interactionnel où il a sa fonction homéostatique. Le principe de base de la systémie de Palo Alto, qui consiste à prescrire le symptôme, travaille sur le paradoxe du contrôle et du spontané, et rend très aisée la sortie du labyrinthe pour peu qu’on veuille bien s’engager dans ce sentier ! 

Exemples de cas traités : Emettophobiela peur de vomir

Une jeune femme, Nancy, 28 ans, ne peut plus sortir manger au restaurant, car elle craint de vomir. Elle ne peut plus non plus manger au self de son travail. Le danger est grand de se retirer de la vie sociale, plus de fêtes, plus de réceptions, plus de sorties entre amis.

En sept séances, Nancy a vu ses symptômes diminuer au fur et à mesure, et elle a compris la “fonction positive” de ce symptôme très dérangeant. A quoi servait ce symptôme ? Elle s’est rendu compte qu’elle passait son temps (depuis toujours) à se laisser envahir par les problèmes de ses proches et à les prendre en charge… En travaillant sur les deux tableaux, le symptôme et “la fonction positive”, en reprenant progressivement confiance en elle et en s’autorisant à “se nourrir” affectivement, socialement et intellectuellement, Nancy a pu retrouver une nouvelle dynamique et reprendre une vie normale.

Automysophobie : la peur de sentir mauvais, Halitophobie : peur d’avoir mauvaise haleine

Anna, 32 ans, africaine née en France, sort le moins possible de chez elle. Elle a peur de sentir mauvais et qu’on la regarde avec mépris. Elle prend le bus ou le tram en détournant le visage de ses voisins de transport, par peur qu’on sente sa mauvaise haleine. Elle évite de faire de nouvelles connaissances par crainte de ce même risque. Elle reste à distance de ses amis. Peu de gens sont au courant.

Cinq séances ont suffi pour que Anna recommence à sortir normalement. Que s’était-il passé pour qu’Anna en arrive là ? Une déception amoureuse où l’autre se détourne d’elle avec dégoût, a démarré le processus. Puis, la spirale infernale commence. Anna est tellement dévalorisée par cette rupture qu’elle reçoit cette expression comme un profond mépris à son égard, et cela retentit jusque dans ses racines : sa famille issue de l’esclavage les siècles passés, porte sur elle la marque de la salissure… Les tâches paradoxales, en lien avec une revalorisation de son image, ont permis à Anna de se refaire confiance, elle a pu exercer son métier d’esthéticienne pour lequel elle est très douée, et sa peur n’est qu’un mauvais souvenir. La fonction positive de cette phobie : quand elle a compris ce qui se cachait derrière sa phobie, la honte de sa couleur, la honte de tous ses ancêtres, les humiliations, elle a pu retrouver son insouciance, s’est remise en mouvement et sa phobie n’est qu’un souvenir pour le moins comique !

AstraphobieLa peur du tonnerre.

Yann a vécu son enfance avec un beau-père alcoolique et violent, sa mère s’est peu occupée de lui, il est devenu lui-même très violent. Il a arrêté d’être violent, mais a développé la peur du tonnerre et la peur des abeilles. C’est très embêtant car il veut travailler dans les espaces verts.

Le travail avec lui a été un peu différent : il est dans une famille d’accueil et n’arrive pas à faire confiance. On a travaillé la relation avec sa famille d’accueil, son lien avec les jeunes de son âge et les tâches paradoxales qui permettent d’éradiquer la phobie lui ont été données directement .

Très rapidement, il a perdu ses phobies, et sa situation s’est arrangée !

Aphenphosmophobie : la peur d’être touché

Charles a eu une mère intrusive et violente. Il apprenait le piano à coups de gifles. Il a développé un mal de tête chronique et la phobie du contact physique. Il se réfugiait dans ses fantasmes et s’inventait des histoires érotiques magnifiques avec des actrices connues. Il s’isolait et se concentrait sur toutes les façons possibles d’éradiquer son mal de tête.

Avec une approche indirecte qui visait à lui faire prendre la position de l’ethnologue, qui observe et tire des conclusions, il a pu se rapprocher des femmes et développer un sentiment direct. Il a perdu sa peur du contact physique, grâce à ces mêmes tâches paradoxales citées plus haut, qui consistent à se rapprocher de l’objet de sa peur en décalant celle-ci dans l’espace et dans le temps.

Aérodromphobie, aviophobie : peur des avions, de voyager en avion

Aller vers sa peur de la mort et de la destruction du corps, dans un espace et un temps décalé a permis à Lucien, cet homme de 45 ans, de voyager paisiblement en avion pendant 11h, et depuis, il maîtrise aisément sa peur en s’imaginant volontairement le pire…

Dysmorphophobie : peur des anomalies physiques

Cette jeune femme, très belle, a commencé par se faire refaire la poitrine, puis elle songe à se faire refaire la bouche. Son médecin s’alarme. Le seul fait de lui demander si elle comptait se faire refaire la bouche avant son opération des seins, lui a fait se rendre compte qu’elle était partie dans une course folle, et qu’après la bouche, ce serait autre chose et que cela n’en finirait pas. Elle a été d’accord pour aborder le vrai problème, celui de l’incapacité à garder une relation amoureuse…

Ereutophobie : peur de rougir

Un jeune professeur de fac rougit devant ses élèves (surtout les filles), il rougit car il craint qu’on pense qu’il est homosexuel puisqu’il n’a pas de copine, il rougit par peur de rougir. Il a peur de se faire rejeter s’il déclare sa flamme, car cela lui est souvent arrivé. Il se met à l’écart et sort de moins en moins, travaillant de plus en plus !

En 10 séances, il perd sa peur et ose affronter le rejet éventuel d’une fille. Il développe son relationnel (collègues, copains, sorties en groupe) et cesse de s’isoler dans le travail. Dernièrement, il a rencontré une jeune femme et cela se passe bien entre eux.

Fonction de la peur de rougir : éviter le danger d’échouer dans la relation avec une femme, éviter de montrer son extrême sensibilité, qui une fois maîtrisée, est devenue un atout dans la relation.

Coulrophobiela peur des clowns

Cette jeune chimiste avait la peur d’un clown fantasmatique qui lui faisait toutes sortes de remarques sarcastiques. Quand elle a compris que ce clown n’était qu’une partie d’elle-même qui n’osait pas mettre des limites à son entourage, la peur a cessé.

La tâche a simplement consisté à s’approcher du clown (intérieurement) et à écouter toutes ses critiques ! Quand le clown revient aujourd’hui, c’est qu’elle s’est trop laissée faire!

Phobophobie : la peur d’avoir peur

La peur d’avoir peur fait que l’on réduit encore plus son activité et que la peur augmente, la peur réelle et la peur d’avoir peur. Il y a ceux qui évitent, mais il y a également ceux qui affrontent avec la volonté, ils sont valeureux et craquent devant l’immensité de la peur qui resurgit de façon imprévisible.

La peur d’avoir peur se traite par l’exagération de la peur d’avoir peur. On se met alors a halluciner cette peur d’avoir peur, toujours avec un déplacement dans l’espace et dans le temps, tous les jours à heure fixe, et la peur diminue. En même temps on va aborder les conflits d’ordre personnel, familial, professionnel ou social, qui sont à l’origine de ce mécanisme.

Une façon d’enrayer cette peur consiste également à prescrire des peurs à heure régulière !

Pour plus d’infos, et pour en finir avec la peur démesurée, contactez-nous !

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